Manquer les cours est en train de redevenir une sale habitude dont Drew s’était pourtant débarrassé ces dernières années. À un an d’obtenir son diplôme, c’est dommage, mais malheureusement il ne se sent que vaguement coupable à ce sujet. C’est toujours mieux que d’arpenter les couloirs de la fac en étant rongé par l’angoisse, pas vrai ? En attendant, le jeune homme sait qu’il doit prendre les devants au cas où cette année se solderait par un échec universitaire et faire quelques économies avant que ses parents ne menacent de lui couper les vivres une seconde fois. Ce qui implique de trouver un travail. Comme pour tout ce qu’il entreprend, Drew n’a pas de vrai plan pour ça. Ses démarches consistent à marcher dans les rues du quartier de Notting Hill en surveillant scrupuleusement les devantures des commerces à l'affût d’une pancarte “aide recherchée” ou quelque chose dans ce goût là. Spoiler alerte : ça n’est pas très efficace. Tellement pas, en fait, qu’il vient de passer une heure à avancer sans réel but et qu’il n’a rien trouvé. Rien qui ne l’intéresse tout du moins, car évidemment il est hors de question que monsieur se contente d’un petit job alimentaire qu’il aura envie d’oublier dans trois jours. Il commence à se dire qu’il doit changer de technique quand son regard s’arrête sur la vitrine d’une petite boutique de Ladbroke Grove. Un studio photo, pas une boutique. Photographe, c’est le genre de métier qui plairait bien à Drew. Il n’a jamais tenu un appareil photo, ses talents se cantonnent à trouver le bon filtre sur Instagram pour cacher les défauts des quelques clichés qu’il prend parfois avec son téléphone portable, mais… “Salut, je suis photographe” c’est une façon super cool de se présenter. Et puis franchement, ça ne doit pas être si difficile que ça, tout le monde est photographe de nos jours. Pas le genre qui termine avec son travail encadré dans les musées, mais Drew n’aspire pas non plus à aller jusque là, juste à être payé pour faire un truc sympa qui va l’amuser quelques semaines. C’est parfait. Il n’y a pas de pancarte réclamant l’aide du premier venu, mais le jeune homme entre malgré tout et se retrouve en tête à tête avec une jolie brune vers qui il s’avance, tout sourire. “Bonjour !” lance-t-il joyeusement, “Navré de vous déranger, je passais par là et je me demandais si vous ne chercheriez pas un assistant ou un stagiaire, par hasard ?” Il exagère un peu sur la quantité de sourires ravageurs et de regards innocents, mais comme il n’a pas de CV sur lui et vraiment aucune autre motivation que la simple envie de remplir son compte en banque et passer du bon temps… On fait ce qu’on peut avec ce qu’on a, comme on dit.